En dépit des réactions internationales hostiles à l’égard des SDSR et de la montée du sentiment anti-droits des femmes entrant dans nos sphères de prise de décision tant en Europe qu’Outre-Atlantique, l’année écoulée a vu les pays donateurs européens, dont la Belgique, concrétiser leurs engagements financiers et politiques et soutenir l’aide en faveur des SDSR sur de nombreux forums mondiaux.
Le vice-premier ministre et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, suspend la préparation d’un nouvel accord de coopération avec la Tanzanie. La situation en ce qui concerne les droits de l’homme se détériore, en particulier pour les LGBTI, les jeunes mères et les adolescentes enceintes. Le pouvoir et la liberté de choisir. C’est le thème central du rapport annuel sur l’État de la population mondiale 2018 que l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, a publié le 17 octobre dernier. Les individus et les couples doivent pouvoir choisir s’ils veulent avoir des enfants, mais aussi quand et combien ils souhaitent en avoir. Cela paraît simple, mais cela ne l’est pas. Les droits reproductifs sont bafoués lorsque les services de santé ne parviennent pas à fournir les soins ou moyens essentiels, comme la contraception, ou lorsque les femmes et les jeunes n’ont pas accès à l’information sur les relations et la sexualité. Dans ces cas-là, il devient difficile d’éviter des grossesses non planifiées. “Les progrès en matière des SDSR nécessitent de s’attaquer aux obstacles ancrés dans les lois, les politiques, l’économie, ainsi que dans les normes et valeurs sociales (….) qui empêchent les gens de parvenir à la santé sexuelle et reproductive.” C’est ce qu’indique la Commission Guttmacher-Lancet “Accélérer les progrès – La santé et les droits sexuels et reproductifs pour tous” en des termes on ne peut plus clairs. Le rapport de la Commission est le résultat de deux années de collaboration conjointe de 16 experts respectés dans le domaine des SDSR provenant des quatre coins du monde. Notre compatriote, le Prof. Dr Marleen Temmerman était du nombre.
Dans son rapport, la Commission souligne que l’amélioration du bien-être des populations dépend de la capacité des individus à prendre des décisions concernant leur vie sexuelle et reproductive, tout en respectant les décisions des autres. Le rapport rend compte de l’ampleur des besoins en matière des SDSR, donne une définition exhaustive des SDSR ainsi qu’une feuille de route sur la manière de faire avancer l’accès universel aux SDSR. Avec un panel de haut niveau organisé en marge des Journées européennes du développement, la Belgique a attiré l’attention sur les besoins non satisfaits des adolescents. 6 juin, Bruxelles. “Les avortements à risques sont plus accessibles que les contraceptifs”, a déclaré Archane Phonsina, jeune dirigeante JED, lors de son témoignage sur les défis auxquels ont à faire face les jeunes femmes en RD Congo. Phonsina a elle-même perdu une de ses meilleures amies des suites d’un avortement à risques et est l’une des principales voix à défendre l’accès des adolescents à la planification familiale et aux avortements sans risques dans son pays. “Le simple fait de parler de planification familiale est encore stigmatisé et beaucoup de filles subiront au moins deux avortements à risques au cours de leur vie”, a-t-elle expliqué. Malgré les progrès au niveau des conditions d’accouchement, chaque jour, 830 femmes décèdent des suites de complications liées à une grossesse ou à un accouchement et des millions de femmes doivent vivre avec des problèmes de santé permanents résultant de ces complications. Les fistules sont l’une des complications les plus graves liées à l'accouchement. Les fistules peuvent se solder par des enfants mort-nés et peuvent aussi être source d’incontinence, de stigmatisation, de honte et d’exclusion sociale et même aller, dans certains cas, jusqu’à entraîner le décès de la mère. On estime à 2 millions le nombre de femmes qui vivent avec ce problème. Autant de raisons d’attirer l’attention sur cette problématique. Lors des journées diplomatiques, le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo a prononcé devant le corps diplomatique belge un discours sur le thème du développement durable. Le ministre a alors souligné les progrès en matière de droits de l’homme observés dans la moitié des pays partenaires de la coopération belge au développement au cours des 10 dernières années. L’ "Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique” dans les mains, il a insisté sur le fait que le développement humain et économique est étroitement lié aux progrès réalisés dans le domaine des droits de l’homme, de l’égalité de genre et de la non-discrimination des minorités sexuelles et autres minorités. Lors d’un Sommet organisé à Londres sur la planification familiale – le FP2020 – des bailleurs, gouvernements et organisations philanthropiques ont promis d’investir 5 milliards de dollars dans des services de santé sexuelle et reproductive dans les pays en voie de développement. Le 27 juin dernier, la Commission des Relations extérieures de la Chambre a approuvé à l’unanimité une résolution sur la mise en œuvre et le suivi de la santé et des droits sexuels et reproductifs dans le cadre de l’Agenda 2030. La résolution identifie plusieurs grands défis dans le domaine des SDSR. C’est ainsi que 225 millions de femmes qui souhaitent éviter ou reporter leur grossesse n’ont pas accès à la contraception, qu’une femme sur trois devient victime de violences domestiques ou de violences sexuelles au cours de sa vie et que 16 millions d’adolescentes donnent naissance à un enfant chaque année. L’Agenda 2030 pour le développement durable comporte des objectifs spécifiques qui doivent s’attaquer à ces problèmes, comme l’accès universel à la planification familiale et l’élimination de toutes les formes de violence à l'égard des filles et des femmes. Les parlementaires appellent le gouvernement belge à s’engager dans des efforts visant à mettre en œuvre l’Agenda et à également encourager d’autres pays dans ce sens. Ils demandent d’accorder une attention systématique aux SDSR dans les négociations axées sur les programmes de coopération avec les pays partenaires de la coopération au développement. Ils demandent aussi que la Belgique fasse en sorte que les SDSR bénéficient d’un plus grand soutien au sein des organisations internationales, comme l’OMS, UNICEF et ONU Femmes et qu’au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ainsi que sur d’autres forums internationaux, elle appelle d‘autres pays à protéger et promouvoir les SDSR. La résolution a été introduite par la députée Sabien Lahaye-Battheu, présidente du groupe des Parlementaire pour l’Agenda 2030. L’administration Trump veut supprimer toutes les dépenses en faveur de la planification familiale9/6/2017
L’administration Trump supprime dans sa proposition de budget pour 2018 toutes les dépenses en faveur de la planification familiale internationale et de la santé reproductive. On parle ici d’un budget de 607,5 millions de dollars. Une suppression d’aide sans précédent, pas même sous les anciens présidents républicains. |