La Cour suprême des É.-U. a renversé l’arrêt dans l’affaire Roe contre Wade. Or, ce jugement avait eu pour effet de légaliser l’avortement dans tout le pays depuis 1973. Mais cette décision n’est toutefois pas vraiment une surprise : en mai dernier, un document révélant que le droit fédéral à l’avortement allait être renversé avait en effet déjà été divulgué. L’annulation de ce jugement va à l’encontre de la tendance internationale en faveur d’un assouplissement des lois en matière d’avortement, comme ce fut encore le cas au début de cette année en Colombie.
Un an après la modification controversée de la loi polonaise sur l’avortement, qui a fait de la Pologne un des États-membres de l’UE où l’accès à des soins d’avortement est le plus restrictif, la situation en matière de droits humains se dégrade encore. Deux membres des Parlementaires pour l’Agenda 2030, Séverine de Laveleye et Orry Van de Wauwer, ont pu le constater par eux-mêmes en participant à la conférence annuelle du Forum européen pour les droits sexuels et reproductifs (EPF) à Varsovie, en Pologne, les 21 et 22 octobre. Au terme de la première journée de panels de discussions, les participants ont signé une déclaration relative à la Pologne et à la situation générale dans le monde en ce qui concerne les SDSR. En 2021, le gouvernement britannique prendra des mesures afin de réduire davantage son budget d’aide, le faisant ainsi passer de 0,7 % du revenu national brut (RNB) à 0,5 %. Une analyse du financement estimé entre 2019 et 2022, comparativement à 2015 – 2018, révèle que les programmes axés sur l’égalité des sexes sont durement touchés, et que les femmes et les filles souffriront de manière disproportionnée de la réduction des ressources allouées aux secteurs essentiels. Le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) a expliqué que ces changements sont la conséquence des répercussions de la COVID-19 sur les finances publiques. Les Parlementaires pour l’Agenda 2030 suivent de près la mise en œuvre de ces Objectifs de développement durable, et le rôle joué par la Belgique dans tout cela. Lors d’un webinaire organisé le 29 septembre, les parlementaires ont examiné, cinq ans après leur adoption, où on en était avec la réalisation de ces Objectifs, et quel était l’impact de la pandémie actuelle de coronavirus. Le Prof. Dr Olivier Degomme, directeur de l’ICRH (International Centre for Reproductive Health) à l’Université de Gand, a fait le point sur les conséquences de la Covid-19 sur l’ODD 3. Il a déclaré que les mesures qui ont été prises partout dans le monde ont un impact considérable sur l’accès à la contraception, les services de planification familiale et la mortalité maternelle. Selon une étude récente de l’OMS, 90 % des pays ont en effet signalé des interruptions dans les services de santé essentiels et 68 % d’entre eux ont connu des interruptions dans les services de planification familiale. Il y a eu moins de visites, des problèmes au niveau de l’accès aux services ainsi que des ruptures de stock et cela n’était pas seulement le cas dans les pays à faible et moyen revenu. Le rapport sur 2019 « Adding it Up » récemment publié par l’Insititut Guttmacher fait l’inventaire des manquements des services de santé sexuelle et reproductive dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PFR-PRI). L’institut de recherche a calculé ce qu’il en coûterait pour combler l’écart. Les mesures de confinement ont-elles une incidence sur les soins en matière d’avortement ?20/4/2020
Chaque pays, dans le Sud global comme dans le Nord, apportera une réponse différente à cette question. De manière générale, les femmes et les filles seront confrontées à des limitations considérables de l’accès sécurisé et en temps voulu à des services essentiels de santé sexuelle et reproductive, à savoir des soins en matière d’avortement en temps voulu, des soins post-avortement et des contraceptifs d’urgence. Ces limitations ont une incidence disproportionnée sur les personnes qui font partie des groupes marginalisés, notamment les femmes qui vivent dans la pauvreté, les femmes handicapées, celles qui font partie de minorités ethnico-culturelles (par exemple les femmes roms), les migrantes, les femmes sans papiers, les adolescentes et les femmes qui risquent d’être victimes de violences domestiques et sexuelles. Les droits sexuels et reproductifs des femmes sont-ils menacés par la crise du coronavirus ?20/4/2020
Partout dans le monde nous constatons des limitations soudaines et substantielles des libertés démocratiques. Nos mouvements sont sans cesse plus étroitement contrôlés. Les réunions publiques sont interdites, l’état d’urgence est décrété, les débats législatifs sont reportés et dans certains pays, le fonctionnement des parlements est suspendu ou leur rôle de contrôle est fortement limité, au profit du pouvoir exécutif. La surveillance numérique est mise en place par les autorités du monde entier. En Europe, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán s’est octroyé des pouvoirs dictatoriaux lui permettant d’outrepasser les lois pendant une période indéterminée et de suspendre les élections et les referendums. En Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a adopté un décret d’urgence empêchant la réunion du parlement dans ce que le journal Haaretz a appelé un « coup d’État corona ». Les experts soulignent d’ores et déjà la pression croissante exercée sur les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles dans le monde entier. |