Alors que la décision de la Cour Suprême des États-Unis de suspendre l’arrêt Roe vs Wade était encore pendante, trois activistes internationales des droits des femmes ont expliqué les risques inhérents à une limitation ou une interdiction du droit des femmes d’accéder à un avortement sans risque. Elles l’ont fait à l’occasion d’un dialogue numérique avec les « Parlementaires pour l’Agenda 2030 ».
5 ans après le succès de la conférence internationale « She Decides », lancée en réponse à la remise en vigueur de la règle du bâillon mondial (« Global Gag Rule » ou GGR) sous l’administration de l’ex-président des États-Unis Donald Trump, la Belgique et l’Unité de soutien « She Decides » ont une nouvelle fois rassemblé les défenseurs internationaux de la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR) à Bruxelles. Un an après la modification controversée de la loi polonaise sur l’avortement, qui a fait de la Pologne un des États-membres de l’UE où l’accès à des soins d’avortement est le plus restrictif, la situation en matière de droits humains se dégrade encore. Deux membres des Parlementaires pour l’Agenda 2030, Séverine de Laveleye et Orry Van de Wauwer, ont pu le constater par eux-mêmes en participant à la conférence annuelle du Forum européen pour les droits sexuels et reproductifs (EPF) à Varsovie, en Pologne, les 21 et 22 octobre. Au terme de la première journée de panels de discussions, les participants ont signé une déclaration relative à la Pologne et à la situation générale dans le monde en ce qui concerne les SDSR. Les parlementaires pour l’Agenda 2030 et l’UNFPA Bruxelles ont animé ensemble la cérémonie du lancement belge du rapport sur l’État de la population mondiale 2021 de l’UNFPA qui porte le titre éloquent de « Mon corps m’appartient / My Body is My Own ». L’UNFPA a présenté son rapport qui explique ce qu’est l’autonomie corporelle, comment nous pouvons la mesurer et pose la question de savoir comment nous pouvons réaliser l’autonomie corporelle pour toutes et tous. En 2021, le gouvernement britannique prendra des mesures afin de réduire davantage son budget d’aide, le faisant ainsi passer de 0,7 % du revenu national brut (RNB) à 0,5 %. Une analyse du financement estimé entre 2019 et 2022, comparativement à 2015 – 2018, révèle que les programmes axés sur l’égalité des sexes sont durement touchés, et que les femmes et les filles souffriront de manière disproportionnée de la réduction des ressources allouées aux secteurs essentiels. Le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) a expliqué que ces changements sont la conséquence des répercussions de la COVID-19 sur les finances publiques. “La politique machiste utilise le débat émotionnel et l’attention médiatique générés par les questions relatives aux droits sexuels et reproductifs pour paraître « forte ». Elle utilise la criminalisation pour convaincre les électeurs que leurs vrais problèmes – d’insécurité, d’inégalité, de pauvreté, d’impuissance, de mécontentement – peuvent être résolus en s’attaquant à ces groupes plutôt que par une redistribution fondamentale du pouvoir politique et économique”, a déclaré le directeur général de l’IPPF, Alvaro Bermejo, lors d’un échange avec les membres des ‘Parlementaires pour l’Agenda 2030’, le groupe parlementaire pluripartite belge sur les SDSR. Des jours et des jours de protestations ont fait suite au renforcement de la loi sur l’avortement entré en vigueur en Pologne, le 27 janvier dernier. Cette loi interdit aux femmes d’interrompre une grossesse, même en cas de malformations graves du fœtus. Les médecins et prestataires de soins qui aideraient malgré tout les femmes et leur partenaires à avorter risquent désormais jusqu’à 3 ans de prison. Le parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir avait précédemment tenté d’imposer ce renforcement. Déjà en 2016 et en 2018, le parti avait soumis la loi au parlement, mais à chaque fois, il s’était heurté à d’énormes manifestations populaires. C’est grâce à la création de la Cour constitutionnelle et au remplacement systématique des juges modérés par des juges conservateurs que le PiS est quand même parvenu à mettre en œuvre ce renforcement de la loi. Le président américain nouvellement élu, Joe Biden, fait le grand ménage après 4 années d’administration Trump. Les États-Unis réintègrent l’accord de Paris sur le climat, ils ne vont pas se retirer de l’Organisation mondiale de la Santé et vont à nouveau financer l’UNFPA, l’Organisation des Nations Unies pour la population. En plus de tous ces décrets, Biden a également abrogé la Politique de Mexico ou la Règle du Bâillon mondial. Cette politique, qui prive de toute aide américaine les organisations étrangères qui réfèrent vers des centres proposant l’avortement ou qui fournissent des informations sur l’avortement comme étant une option, a successivement été introduite par des présidents républicains et abrogée par des présidents démocrates. Avec pour résultat, une relation tendue et instable, où pendant des années, on a constamment oscillé entre déni et protection des droits des femmes, avec toutes les conséquences que cela entraîne sur le terrain. La déclaration et la note de politique de la nouvelle ministre de la Coopération au développement, chargée des Grandes villes, Meryame Kitir, tirent les leçons de la pandémie de COVID-19. Cette crise illustre l’importance d’avoir des secteurs publics forts, par exemple des soins de santé primaires solides, l’enseignement et la protection sociale pour traverser une épreuve de cette ampleur. Dans ce contexte, l’APD est un levier déterminant dans la perspective d’un redressement durable, peut-on lire dans la déclaration. Les Parlementaires pour l'Agenda 2030 et l'UNFPA ont lancé conjointement le rapport sur l'état de la population mondiale 2020 en Belgique par le biais d'un webinaire interactif en ligne. Parmi les orateurs invités au lancement figuraient la nouvelle ministre de la Coopération au développement, Meryame Kitir, la directrice de Plan International Niger Ramatou Kane et la codirectrice du GAMS en Belgique, Stephanie Florquin, ainsi que des représentants de la Direction générale Coopération au développement. La directrice de l'UNFPA à Bruxelles, Sietske Steneker, a présenté le rapport, intitulé à juste titre "Contre ma volonté", traitant des pratiques néfastes à l'égard des femmes et des filles dans le monde. Parmi les pratiques néfastes figurent les mutilations génitales féminines, le mariage des enfants et la préférence pour les garçons. Toutes ces pratiques sont exacerbées par la pandémie de COVID-19 et le nombre absolu de filles qui y sont soumises continue d'augmenter, même après des décennies de travail acharné par les défenseurs et les organisations de terrain. |