Les effets de la crise sanitaire actuelle sont considérables et continuent d’apparaître. Mais il est clair que les plus marginalisés seront les plus durement touchés. La liberté de reproduction n’est pas une réalité pour beaucoup de femmes à travers le monde. Pour trop de femmes, l’accès à une planification familiale de qualité dépend encore de l’endroit où elles vivent et du salaire qu’elles gagnent.
Une grave pénurie de contraceptifs et de produits de santé reproductive
Pendant la pandémie de COVID-19, on estime qu’une diminution de 10 % dans l’utilisation des moyens contraceptifs à court et long terme réversibles aurait pour conséquence d’augmenter de 49 millions le nombre de femmes à ne pas avoir accès aux moyens de contraception modernes dans les pays à faible et moyen revenu et de 15 millions le nombre de grossesses non intentionnelles. Ce qui, à son tour, entraînerait une augmentation du nombre d’avortements pratiqués dans de mauvaises conditions et d’autres conséquences négatives.
Les mesures prises pour faire face à la COVID-19 ont eu d’importantes répercussions sur la production de préservatifs et de moyens contraceptifs en Asie. La fermeture des frontières a par ailleurs aussi eu un impact négatif sur le transport et la distribution des moyens contraceptifs. Mais les femmes et les filles peuvent-elles même accéder aux fournitures disponibles ?
Lors de situations d’urgence en santé publique, les ressources sont rapidement détournées des soins de santé courants pour répondre à la crise. Cela signifie que beaucoup de femmes, en particulier celles qui sont déjà en situation de vulnérabilité, ne sont pas en mesure d’accéder aux soins de santé sexuelle et reproductive, y compris aux services de planification familiale. Si les gouvernements ne reconnaissent pas la santé sexuelle et reproductive comme étant essentielle, la sécurité et le bien-être des femmes sont compromis.
Les restrictions en matière de mobilité aggravent en outre la situation étant donné que les femmes ne sont pas en mesure d’aller facilement demander des soins de contraception. Les femmes ont aussi tendance à occuper les emplois les plus précaires et les moins bien payés, ce qui peut les mettre dans la position difficile d’avoir à choisir entre la contraception et d’autres produits de première nécessité.
Que peuvent faire les bailleurs de fonds européens pour alléger le fardeau qui pèse sur les femmes et les filles ?
Les gouvernements européens donateurs doivent donner la priorité à la fourniture de produits essentiels de santé sexuelle et reproductive, y compris les contraceptifs (et la contraception d’urgence), de produits d’hygiène menstruelle, de produits de soins obstétricaux et autres soins reproductifs et de santé primaires.
Ils devraient inclure une collaboration accrue avec les principales parties prenantes dans ce domaine, comme l’UNFPA Supplies, le plus important fournisseur de contraceptifs gratuits. Deuxièmement, l’Europe doit continuer à accorder la priorité à la solidarité mondiale en maintenant des niveaux de financement suffisants de l’Aide publique au développement (APD) et en aidant les pays partenaires à faire face à la crise de façon globale, notamment en renforçant les systèmes de santé et l’accès aux SDSR dans le cadre de la Couverture santé universelle. Sans les soins de santé sexuelle et reproductive, la santé et le bien-être des femmes et des filles seront compromise.