Si la crise touche chaque pays et chaque citoyen personnellement, nous devons néanmoins assurer une approche mondiale. Plus que jamais, cette crise illustre les liens globaux qui nous unissent tous. Une réponse solidaire et commune sera donc nécessaire. Sensoa International collabore avec d’autres organisations, comme l’organisation faîtière IPPF et les organisations belges de santé et de développement, dans le but d’orienter la politique de la Belgique, des autres États membres de l’UE et des pays partenaires. Nous informons les décideurs politiques et nous œuvrons pour garantir les droits sexuels et reproductifs, aussi en cette période d’épidémie de Covid-19.
La « communauté » qui œuvre depuis des années en faveur des droits sexuels et reproductifs a une grande expérience de la lutte contre cette autre pandémie qu’est le VIH. Nous pouvons en tirer des enseignements importants. ONUSIDA a dressé une liste:
La vie sociale de tout un chacun est perturbée par l’épidémie de coronavirus. Toutefois, de nombreuses femmes sont à présent contraintes de travailler chez elles, souvent alors que les enfants sont eux aussi à la maison. Avant la crise, les statistiques montraient d’ores et déjà que de manière générale, les femmes prestent une plus grande part du travail domestique non rémunéré et assument une plus grande part des responsabilités dans les soins, notamment aux enfants, aux malades et aux personnes âgées. Étant donné la pression croissante exercée sur les hôpitaux et les services de santé, les femmes devront inévitablement répondre encore davantage aux besoins croissants de soins non rémunérés. Il suffit de penser au nettoyage, à la préparation des repas ou aux soins aux malades ou aux personnes handicapées.
Les mesures de confinement ont-elles une incidence sur les soins en matière d’avortement ?20/4/2020
Chaque pays, dans le Sud global comme dans le Nord, apportera une réponse différente à cette question. De manière générale, les femmes et les filles seront confrontées à des limitations considérables de l’accès sécurisé et en temps voulu à des services essentiels de santé sexuelle et reproductive, à savoir des soins en matière d’avortement en temps voulu, des soins post-avortement et des contraceptifs d’urgence. Ces limitations ont une incidence disproportionnée sur les personnes qui font partie des groupes marginalisés, notamment les femmes qui vivent dans la pauvreté, les femmes handicapées, celles qui font partie de minorités ethnico-culturelles (par exemple les femmes roms), les migrantes, les femmes sans papiers, les adolescentes et les femmes qui risquent d’être victimes de violences domestiques et sexuelles. Dans le monde entier, le confinement influence l’accès à la contraception pour les femmes. La contraception risque de devenir de plus en plus rare. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Ainsi, les grandes ONG et les producteurs de contraceptifs préviennent que les chaînes d’approvisionnement de divers produits contraceptifs sont fortement perturbées. La Chine, qui est le deuxième plus grand exportateur mondial de produits pharmaceutiques, a fermé plusieurs usines de production de médicaments, ce qui a entraîné des ralentissements dans des usines indiennes produisant des médicaments génériques, notamment des contraceptifs. La demande de contraceptifs de longue durée (stérilet ou implant) augmentera ensuite également. Après l’investiture de Donald Trump en tant que président des États-Unis par exemple, la demande de stérilets a augmenté, suite à la crainte des femmes que l’accès aux autres contraceptifs ne devienne plus compliqué sous son administration. Dans la mesure où les autorités du monde entier limitent fortement la mobilité de leurs citoyens, l’utilisation de contraceptifs reculera. Les femmes qui dépendent des transports en commun pour se déplacer ou qui n’ont actuellement pas de revenus peuvent éprouver des difficultés à obtenir une prescription de contraceptifs et à en acheter. L’accès limité à la contraception s’ajoute encore au besoin existant des femmes. Dans le Sud global, 214 millions de femmes souhaitant utiliser des contraceptifs n’y avaient déjà pas accès avant cette crise. Leur nombre ne cesse à présent d’augmenter. Les droits sexuels et reproductifs des femmes sont-ils menacés par la crise du coronavirus ?20/4/2020
Partout dans le monde nous constatons des limitations soudaines et substantielles des libertés démocratiques. Nos mouvements sont sans cesse plus étroitement contrôlés. Les réunions publiques sont interdites, l’état d’urgence est décrété, les débats législatifs sont reportés et dans certains pays, le fonctionnement des parlements est suspendu ou leur rôle de contrôle est fortement limité, au profit du pouvoir exécutif. La surveillance numérique est mise en place par les autorités du monde entier. En Europe, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán s’est octroyé des pouvoirs dictatoriaux lui permettant d’outrepasser les lois pendant une période indéterminée et de suspendre les élections et les referendums. En Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a adopté un décret d’urgence empêchant la réunion du parlement dans ce que le journal Haaretz a appelé un « coup d’État corona ». Les experts soulignent d’ores et déjà la pression croissante exercée sur les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles dans le monde entier. |