Alors que la décision de la Cour Suprême des États-Unis de suspendre l’arrêt Roe vs Wade était encore pendante, trois activistes internationales des droits des femmes ont expliqué les risques inhérents à une limitation ou une interdiction du droit des femmes d’accéder à un avortement sans risque. Elles l’ont fait à l’occasion d’un dialogue numérique avec les « Parlementaires pour l’Agenda 2030 ».
“La politique machiste utilise le débat émotionnel et l’attention médiatique générés par les questions relatives aux droits sexuels et reproductifs pour paraître « forte ». Elle utilise la criminalisation pour convaincre les électeurs que leurs vrais problèmes – d’insécurité, d’inégalité, de pauvreté, d’impuissance, de mécontentement – peuvent être résolus en s’attaquant à ces groupes plutôt que par une redistribution fondamentale du pouvoir politique et économique”, a déclaré le directeur général de l’IPPF, Alvaro Bermejo, lors d’un échange avec les membres des ‘Parlementaires pour l’Agenda 2030’, le groupe parlementaire pluripartite belge sur les SDSR. Des jours et des jours de protestations ont fait suite au renforcement de la loi sur l’avortement entré en vigueur en Pologne, le 27 janvier dernier. Cette loi interdit aux femmes d’interrompre une grossesse, même en cas de malformations graves du fœtus. Les médecins et prestataires de soins qui aideraient malgré tout les femmes et leur partenaires à avorter risquent désormais jusqu’à 3 ans de prison. Le parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir avait précédemment tenté d’imposer ce renforcement. Déjà en 2016 et en 2018, le parti avait soumis la loi au parlement, mais à chaque fois, il s’était heurté à d’énormes manifestations populaires. C’est grâce à la création de la Cour constitutionnelle et au remplacement systématique des juges modérés par des juges conservateurs que le PiS est quand même parvenu à mettre en œuvre ce renforcement de la loi. Le président américain nouvellement élu, Joe Biden, fait le grand ménage après 4 années d’administration Trump. Les États-Unis réintègrent l’accord de Paris sur le climat, ils ne vont pas se retirer de l’Organisation mondiale de la Santé et vont à nouveau financer l’UNFPA, l’Organisation des Nations Unies pour la population. En plus de tous ces décrets, Biden a également abrogé la Politique de Mexico ou la Règle du Bâillon mondial. Cette politique, qui prive de toute aide américaine les organisations étrangères qui réfèrent vers des centres proposant l’avortement ou qui fournissent des informations sur l’avortement comme étant une option, a successivement été introduite par des présidents républicains et abrogée par des présidents démocrates. Avec pour résultat, une relation tendue et instable, où pendant des années, on a constamment oscillé entre déni et protection des droits des femmes, avec toutes les conséquences que cela entraîne sur le terrain. Le droit des femmes à un avortement sans risques doit être garanti par tous les pays. L’étude d'IPPF montre que dans plusieurs pays européens et d’Asie centrale encore trop de barrières sont mises en place par les législateurs, les fonctionnaires et les prestataires de soins. En Belgique, le droit à l’avortement est un sujet plus que jamais d’actualité. Les chiffres que la Commission d’évaluation de l’IVG avait collectés entre 2011 et 2018 ont en effet filtré. Maintenant, ils font l’objet de discussions à la Chambre et une nouvelle proposition de loi relative à l’avortement sera prochainement votée. Ce qui allongerait le délai maximum légal en Belgique pour pratiquer une interruption de grossesse de 12 à 18 semaines. C’est donc le moment idéal pour comparer avec ce qui se passe dans d’autres pays européens. Les associations membres de l’International Parenthood Federation (IPPF) risquent de souffrir de la Règle du Bâillon mondial ou la politique du Mexico. Au niveau mondial, l’IPPF s’attend à perdre 100 millions $ d’aide du gouvernement américain. Dans 32 pays, dont le Burkina-Faso, le Burundi, le Mali, le Sénégal, l’Ouganda et la Tanzanie, les pays partenaires de la Belgique, et le Mozambique, pays partenaire de la Flandre, les associations membres de l’IPPF ont indiqué qu’elles allaient perdre des aides financières suite à leur refus d’adhérer à la Règle du Bâillon mondial. L’administration Trump veut supprimer toutes les dépenses en faveur de la planification familiale9/6/2017
L’administration Trump supprime dans sa proposition de budget pour 2018 toutes les dépenses en faveur de la planification familiale internationale et de la santé reproductive. On parle ici d’un budget de 607,5 millions de dollars. Une suppression d’aide sans précédent, pas même sous les anciens présidents républicains. |