Le 15 mars dernier, la Chambre des représentants a adopté une résolution visant à promouvoir l’égalité des genres et l’émancipation des femmes lors de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable. La résolution, une initiative de la députée Fatma Pehlivan, appelle le gouvernement belge à s’engager davantage en faveur de ces thèmes.
« Dans bien des domaines, elle n’a effectivement jamais rien décidé. Alors, lui dire qu’elle peut décider SANS lui donner les bases sur lesquelles s’appuyer pour le faire serait, au mieux, naïf et, au pire, irresponsable. On ne peut pas donner des espoirs d’autonomie et de pouvoir d’action sans jeter les fondements pour que cela se concrétise. » Le message de Lina Abirafeh, directrice de l’Institut d’études des femmes dans le monde arabe à l’Université libano-américaine de Beyrouth et ardente défenseuse du mouvement “She Decides” était clair. Abirafeh a prononcé l’allocution principale lors de l’événement anniversaire “She Decides” organisé au Parlement belge, qui visait à répondre à la question « Pourra-t-elle décider en temps de crise », en se concentrant sur l’accès des femmes et des filles aux SDSR lors des crises humanitaires. Lors des journées diplomatiques, le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo a prononcé devant le corps diplomatique belge un discours sur le thème du développement durable. Le ministre a alors souligné les progrès en matière de droits de l’homme observés dans la moitié des pays partenaires de la coopération belge au développement au cours des 10 dernières années. L’ "Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique” dans les mains, il a insisté sur le fait que le développement humain et économique est étroitement lié aux progrès réalisés dans le domaine des droits de l’homme, de l’égalité de genre et de la non-discrimination des minorités sexuelles et autres minorités. En collaboration avec d’autres membres du Groupe de travail SRHR de Be-cause Health, Sensoa a élaboré trois fiches d’information et infographies sur la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR), en lien avec les thèmes des jeunes, du genre et de l’intégration du VIH et des SDSR. Les fiches d’information donnent un aperçu des derniers faits et chiffres et contiennent des directives et recommandations concrètes à l’attention des acteurs concernés de la coopération belge au développement.
Le but, grâce aux fiches, est de mettre à jour et étoffer les connaissances des acteurs de la coopération belge au développement, comme les diplomates, les collaborateurs de la Coopération technique belge ainsi que les représentants d’ONG afin qu’ils soient à même de mieux identifier les besoins et exemples de bonnes pratiques. Grâce à cette initiative, le Groupe de travail SRHR entend inciter les intervenants de la coopération belge au développement à porter une plus grande attention aux jeunes, au genre et à l’intégration du VIH et des SDSR dans les politiques et programmes de développement. Le 27 juin dernier, la Commission des Relations extérieures de la Chambre a approuvé à l’unanimité une résolution sur la mise en œuvre et le suivi de la santé et des droits sexuels et reproductifs dans le cadre de l’Agenda 2030. La résolution identifie plusieurs grands défis dans le domaine des SDSR. C’est ainsi que 225 millions de femmes qui souhaitent éviter ou reporter leur grossesse n’ont pas accès à la contraception, qu’une femme sur trois devient victime de violences domestiques ou de violences sexuelles au cours de sa vie et que 16 millions d’adolescentes donnent naissance à un enfant chaque année. L’Agenda 2030 pour le développement durable comporte des objectifs spécifiques qui doivent s’attaquer à ces problèmes, comme l’accès universel à la planification familiale et l’élimination de toutes les formes de violence à l'égard des filles et des femmes. Les parlementaires appellent le gouvernement belge à s’engager dans des efforts visant à mettre en œuvre l’Agenda et à également encourager d’autres pays dans ce sens. Ils demandent d’accorder une attention systématique aux SDSR dans les négociations axées sur les programmes de coopération avec les pays partenaires de la coopération au développement. Ils demandent aussi que la Belgique fasse en sorte que les SDSR bénéficient d’un plus grand soutien au sein des organisations internationales, comme l’OMS, UNICEF et ONU Femmes et qu’au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ainsi que sur d’autres forums internationaux, elle appelle d‘autres pays à protéger et promouvoir les SDSR. La résolution a été introduite par la députée Sabien Lahaye-Battheu, présidente du groupe des Parlementaire pour l’Agenda 2030. La Belgique s’est engagée à faire un rapport sur l’état des lieux de la mise en oeuvre de l’Agenda 2030 et des 17 objectifs de développement durable lors du High Level Political Forum (HLPF) en juillet 2017. Aussi, en tant que société civile, nous avons décidé de prendre l’initiative d’élaborer des propositions pour contribuer positivement au rapport. Selon la plateforme, ce rapport ne peut être un simple inventaire des initiatives et doit contenir suffisamment d’éléments politiques concrets : où en est la Belgique actuellement et dans quels domaines doit-elle s’améliorer ?
L’administration Trump-Pence a décidé d’arrêter de financer l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population. Rien qu’en 2016, l’aide américaine allouée au travail de l’UNFPA avait contribué à prévenir plus de 2 340 décès maternels, 947 000 grossesses non planifiées et 295 000 avortements à risque. On estime que cela avait permis à 800 000 personnes de décider librement du nombre d’enfants qu’elles souhaitaient avoir. Grâce au soutien apporté par les É.-U., l’organisation des Nations Unies avait pu venir en aide à pas moins de 9 millions de gens vivant en situations d’urgence humanitaire ainsi que dans des camps de réfugiés, où l'organisation offre des services de santé sexuelle et reproductive et tente de prévenir la violence liée au genre. « Il est de plus en plus difficile de pouvoir discuter de la santé et des droits sexuels et reproductifs dans les textes des Nations Unies, tout comme des concepts ‘orientation sexuelle’ et ‘identité de genre’ ou encore ‘éducation sexuelle’. Ces sujets sont perçus comme des menaces pour ce qu’on appelle les valeurs familiales ‘traditionnelles’ », confie la sénatrice et professeur, Petra De Sutter. « Par ‘famille’, on entend seulement le ménage avec un homme comme soutien de famille et une femme qui reste à la maison pour s’occuper des enfants. » Les défenseurs des droits des femmes ont remporté une victoire importante lors de la 61ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies avec la reconnaissance de la santé et des droits sexuels et reproductifs comme des droits fondamentaux des femmes, « qui incluent le droit d’exercer un contrôle sur tout ce qui touche à leur sexualité – y compris leur santé sexuelle et reproductive – et à prendre à ce sujet des décisions libres et responsables, sans aucune contrainte, discrimination ou violence, ce qui contribuerait à la réalisation de leurs droits économiques, de leur indépendance et de leur autonomisation ». |